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L’eau dans le contexte du changement climatique au Maroc

Published On: septembre 2022
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Contexte général international

Le monde face au risque de pénurie d’eau

Élément vital et besoin fondamental pour la survie, l’eau est devenue aujourd’hui un enjeu mondial et une préoccupation majeure pour tous les continents. En effet, l’accès à l’eau subit aujourd’hui les effets du changement climatique et la pression des comportements abusifs de gestion d’eau dans le monde, ce qui fait de plus en plus craindre la raréfaction de cette ressource.

Le stress hydrique, ou « pénurie d’eau » dans les cas les plus extrêmes, est aujourd’hui observé dans plusieurs régions du monde, ce qui implique la mise en place de moyens à l’échelle mondiale, afin de garantir l’accès à tout un chacun à l’eau en particulier pour les populations vulnérables. A ce titre, la forte croissance démographique, notamment au sein des pays en voie de développement, confronte ces derniers à des difficultés considérables d’accès et de gestion d’eau, en particulier au sein des régions qui subissent directement les effets du stress climatique.

Environ 2,6 milliards de personnes dans le monde vivent actuellement dans des pays exposés à des niveaux élevés et extrêmes de stress hydrique . L’Asie du Sud-Est, le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et la Méditerranée sont des régions particulièrement exposées au risque de pénurie d’eau. Mais nous retrouvons également des pays vulnérables en Amérique latine et en Afrique.

L’eau revêt un enjeu non seulement sanitaire, mais aussi économique et politique. La raréfaction des ressources en eau, intensifiée par le dérèglement du climat, pourrait amener certaines régions à accuser un recul du PIB de l’ordre de 6 % d’ici 2050, et ce en raison de l’impact du manque d’eau sur l’agriculture, la santé et les revenus. La difficulté d’accès à cette ressource naturelle provoquerait également des migrations avec des risques potentiels de déclenchement de conflits.

Selon de nombreux rapports, l’eau potable sera, dans les prochaines années, difficilement accessible. En effet, à l’horizon 2025, 63% de la population mondiale devrait subir un stress hydrique ou une pénurie d’eau.

Les risques liés à la disponibilité de l’eau continueront d’augmenter à moyen et long terme dans toutes les régions, fait savoir le dernier rapport du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Avec un réchauffement planétaire d’environ 2°C, la disponibilité de l’eau de fonte des neiges pour l’irrigation devrait diminuer jusqu’à 20% dans certaines parties du monde.

Comme le montrent les projections du World Resources Institute (WRI) pour 2040, la raréfaction des ressources en eau est donc amenée à s’aggraver.

Aujourd’hui, selon la Banque Mondiale, ce sont plus de 2 milliards de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à des services d’eau potable, tandis que 4,2 milliards sont privées de services d’assainissement et 3 milliards de personnes ne disposent d’aucune installation pour se laver les mains. Ces carences sont souvent aggravées par la croissance démographique, une instabilité des précipitations ainsi que la pollution, ce qui fait de l’enjeu de l’eau une menace majeure pour le progrès économique et le développement durable, et tous les pays du monde en sont concernés.

Situation du Maroc dans une tendance globale de changement climatique

L’état des lieux au Maroc

Le Maroc face au défi du stress hydrique

Le faible niveau de précipitation que connaît le Maroc ces dernières années représente un défi majeur. C’est d’ailleurs le cas de la région d’Afrique du Nord, dans sa globalité, qui est amenée à connaître de grandes difficultés d’accès à l’eau lors des prochaines années.

Les experts s’accordent à dire qu’une région est considérée comme étant en stress hydrique lorsqu’elle passe sous la barre symbolique des 1000 mètres cubes d’eau douce par habitant sur une période d’un an.

Selon l’ONU, le Maroc est déjà considéré en stress hydrique avec seulement 650 mètres cubes d’eau douce par habitant et par an, contre 2500 mètres cubes en 1960. Par ailleurs, le World Resources Institut indique que le Maroc atteindra un niveau de stress hydrique extrêmement élevé d’ici 2040, au regard de la demande croissante par rapport à la disponibilité attendue.

Cela place le Royaume comme étant potentiellement parmi les pays les plus vulnérables au stress hydrique, une problématique qui présente un défi social et économique d’envergure.

Déficit du taux de remplissage des barrages

La baisse de la dotation d’eau par habitant s’explique par une problématique de gestion des ressources en eau, ainsi que par l’évolution de l’aridité naturelle de certaines régions du Maroc (particulièrement au Sud) du fait du réchauffement climatique, qui a causé de faibles saisons de pluies lors des 10 dernières années.

De ce fait, les taux de remplissage des barrages ont atteint à la date du 11 avril 2022 environ 5,52 milliards de mètres cubes, soit un taux de remplissage global de 34,2%, contre 50,82% enregistré à la même période l’an dernier4.Ce défi est appelé à s’aggraver avec le changement climatique, compte tenu des augmentations prévues des températures annuelles moyennes (de 1,5°C à 3,5°C d’ici le milieu du siècle) et une diminution des précipitations estimée de 10 à 20 %, qui pourrait atteindre 30 % dans certaines régions.

Dans ce contexte, la sécheresse sera un phénomène de plus en plus fréquent et deviendra progressivement une condition quasi permanente.

Le stress hydrique se reflètera de manière directe dans la difficulté à assurer une production agricole soutenue au cours des prochaines années sèches au Maroc. Par ailleurs, une répercussion indirecte majeure a été mise en exergue par une publication récente de la Banque Mondiale. Cette dernière, élaborée sur la base d’une simulation de l’impact que pourrait avoir une réduction permanente de l’approvisionnement en eau sur l’économie marocaine, fait ressortir qu’une rareté de l’eau pourrait entraîner une baisse du PIB pouvant atteindre les 7% au Maroc.

La hausse continue de la température mettra davantage de pression sur les retenues d’eau stockées qui sont déjà limitées. A titre indicatif, dans les principaux barrages de la région Souss- Massa, les réserves d’eau ont aujourd’hui considérablement diminué pour se situer à 12,3% de taux de remplissage en moyenne. Selon la situation journalière arrêtée au 08 août 2022 par l’Agence du Bassin Hydraulique (ABH), Souss-Massa, par exemple, affichait un taux de remplissage de 12,5% de sa capacité totale (730,404 Mm3). A noter que l’eau disponible dans les barrages n’est pas totalement « consommable ».

Selon les chiffres publiés par l’ABH, plus de 85,7 % des bassins sont très peu remplis en 2022. En effet, en comparaison avec les récentes années hydrologiques, jamais le taux de remplissage moyen n’a enregistré le bas niveau actuel. A titre indicatif, il était d’environ 30 % en juin 2021 et 33,84% en juin 2020, tandis que durant la même période des années 2018 et 2017, il était d’environ 38 % et 49 % avec respectivement des réserves égales à 280 Mm3 et 358 Mm3.

Dans ce contexte de tarissement des barrages, et malgré l’augmentation de la capacité de stockage, une pression continue à s’exercer aussi bien sur l’eau potable que sur l’eau d’irrigation, surtout lors de la saison estivale.

Le phénomène de stress hydrique, étant désormais amené à persister, doit faire l’objet d’une vision d’adaptation de long terme et de mesures stratégiques permettant au Maroc de faire face aux impacts accrus du changement climatique.

Impact de la sécheresse sur l’économie du Maroc

Après une hausse observée des indicateurs économiques en 2021 suite au rattrapage réalisé face à la crise liée à la Covid-19, l’économie marocaine a été confrontée au ralentissement de l’économie mondiale et à la hausse des matières premières et des denrées alimentaires due au conflit Russie-Ukraine.

Le contexte géopolitique international, cumulé à la forte sècheresse, ont mis à rude épreuve certains secteurs de l’économie marocaine qui devraient, selon les estimations, fortement se contracter en 2022 et c’est particulièrement le cas du secteur agricole. A titre d’exemple, la production céréalière est désormais projetée à 32 millions de quintaux pour 2022, soit une baisse de 69 % par rapport à l’année dernière. Un tel affaissement de la production céréalière se traduira par une contraction de la valeur ajoutée agricole d’environ 15 % (BIRD).

Cela affectera négativement les revenus et la consommation des ménages ruraux, et poussera le pays à augmenter le taux de céréales importées.

Les céréales, en général, et le blé en particulier constituent des cultures stratégiques en matière de valeur ajoutée et de sécurité alimentaire au Maroc. Ces cultures, pluviales, restent prédominantes en termes de surfaces cultivées, puisqu’elles représentent près des quatre cinquièmes des superficies totales cultivées et contribuent à plus de 40% de la valeur ajoutée moyenne agricole.

Ainsi, leur préservation est fondamentale pour le Royaume, à la fois dans une perspective sociale de maintien du bien-être des populations mais également sur le plan économique.

La convergence des facteurs endogènes (faible récolte et augmentation des importations) et exogènes (hausse des cours des matières premières) a naturellement eu un impact sur le déficit du compte courant marocain.

Malgré la reprise des exportations de céréales au mois d’août, suite à l’accord signé entre la Russie et l’Ukraine, cela demeure insuffisant pour assurer au Maroc un approvisionnement à des prix concurrentiels, et nul ne peut garantir le maintien des exportations de l’Ukraine qui reste tributaire de l’évolution de la situation géopolitique.

Comme mentionné dans la précédente Lettre Patrimoniale6, de nombreux pays africains, à des degrés différents, dépendent de la Russie et de l’Ukraine, pour leurs importations de blé. A titre d’exemple, la Somalie en dépend à 90%, Madagascar à 75%, les Seychelles à 50%. Les pays d’Afrique du Nord sont également des grands importateurs de blé en provenance d’Ukraine et de Russie. C’est ainsi qu’en 2021, l’Egypte a importé 12,8 millions de tonnes, l’Algérie 7,7 millions de tonnes, et le Maroc 4,5 millions de tonnes.

Le Maroc, à travers sa stratégie de diversification des partenaires économiques, ne dépend pas exclusivement de la Russie et de l’Ukraine et maintient ainsi ses importations en provenance notamment d’Argentine, du Brésil, du Canada, et d’autres Etats membres de l’UE, ce qui lui permet d’assurer la continuité de l’approvisionnement.

Les stratégies d’avenir

Programme nationaux de l’accès à l’eau

Le Maroc est considéré par le GIEC comme étant un pays vulnérable face au changement climatique, car son économie en dépend fortement (pêche, agriculture, tourisme). Face à ces défis, les autorités marocaines sont résolument engagées, à travers plusieurs programmes, afin de permettre au Royaume de faire face au nexus changement climatique-eau.

Parmi les solutions engagées, figure le Programme National pour l’Approvisionnement en Eau Potable et l’Irrigation (PNAEPI) 2020-2027 dont la convention cadre de sa mise en œuvre, fixant les actions à engager par les différentes parties prenantes, les financements nécessaires ainsi que les mécanismes de suivi et d’évaluation, a été signée. Ce programme vise l’accélération des investissements dans le secteur de l’eau pour renforcer l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation et renforcer la résilience du Maroc face aux aléas et dérèglements climatiques. D’un coût global avoisinant les 115,4 Milliards de dirhams, ce programme repose sur 5 axes principaux:

1- Le développement de l’offre en eau :

Le renforcement de l’offre sera fondé sur la poursuite de la construction de grands barrages, ainsi que l’achèvement des travaux de construction de ceux en cours. A cet effet, il est prévu le lancement des travaux de 20 nouveaux barrages, dans le but d’atteindre une capacité totale de stockage de 27,3 Milliards de m3, mais également l’aménagement de trois nouvelles stations de dessalement de l’eau de mer, le développement de la prospection ainsi que le dégagement des ressources en eau souterraine pour le renforcement de l’approvisionnement.

2 – La gestion de la demande et la valorisation de l’eau :

Cette démarche porte essentiellement sur la poursuite des efforts des opérateurs de distribution de l’eau potable pour l’amélioration des rendements des réseaux de distribution des villes et centres urbains. Elle se base aussi sur la poursuite de la modernisation des réseaux d’irrigation, et la réalisation de l’aménagement hydro-agricole des périmètres irrigués (plaine du Gharb et Saiss).

3 – Le renforcement de l’approvisionnement en eau potable en milieu rural :

Afin de renforcer l’offre en eau dans les zones rurales, le PNAEPI prévoit la poursuite des programmes préalablement engagés en faveur de 160 centres et 10818 « douars », et la mise en place de programmes complémentaires pour 659 centres et 7876 « douars ».

4 – La réutilisation des eaux usées épurées :

La mise en œuvre du Plan National de l’Eau repose également sur la réutilisation des eaux usées épurées. A l’horizon 2050, l’objectif est la mobilisation de près de 340 millions de m3/an d’eaux usées épurées, notamment pour les 21 projets d’arrosage de Golf répartis dans 45 provinces et couvrant les 12 régions du pays.

5 – La communication institutionnelle et la sensibilisation en faveur du changement des comportements et habitudes liées à l’utilisation de l’eau :

Intitulée « Stop au gaspillage de l’eau », la campagne de sensibilisation pour une utilisation plus responsable de l’eau, initiée par le Ministère de l’Equipement et de l’Eau, a pour objectif de « tirer la sonnette d’alarme » face à la sécheresse que vit le Maroc et de faire prendre conscience aux citoyens de l’urgence de la situation.

La campagne s’adresse à l’ensemble de la population, aussi bien aux urbains, qu’aux personnes habitant en zone rurale, mais également aux agriculteurs. Elle est diffusée sur les télévisions nationales ainsi que les réseaux sociaux.

Les autres stratégies sectorielles du « secteur de l’eau »

D’autres mesures en faveur de la préservation des ressources en eau sont prévues et insérées au sein des stratégies nationales sectorielles, à savoir : Génération Green, le Programme national d’économie en eau d’irrigation, le Programme de réduction des disparités territoriales et sociales, le Plan national d’assainissement mutualisé et de réutilisation des eaux usées épurées, les stratégies nationales d’urbanisme, d’environnement, d’énergie et de tourisme.

À plus long terme, le département de l’Eau, du ministère de l’Equipement et de l’Eau, entend finaliser le processus de planification et gestion des ressources hydriques, notamment le Plan National de l’Eau (PNE 2020-2050). Ce projet, d’un montant de 40 Milliards de dollars, a pour objectif principal de minimiser l’écart entre la demande et l’offre d’eau. Il comprend des projets dont le but est d’accroître la mobilisation de l’eau d’environ 4,6 Milliards de m3/an d’ici 2050, principalement par la construction de nouveaux barrages et interconnexions. Il prévoit également des projets visant à contenir la croissance de la demande par la modernisation des techniques d’irrigation économes en eau et la réduction des pertes dans la distribution d’eau potable.

Une mission d’expertise a déjà été lancée afin de finaliser l’ensemble des plans et documents de planification en rapport avec le PNE. Cette mission inclut également la consultation des résultats des études techniques des projets prévus par le PNE, notamment celui d’interconnexion des bassins de Sebou, Bouregreg, Oum Errabii et Tensift, le projet d’interconnexion des bassins côtiers méditerranéens et la Moulouya et l’aménagement du Bassin Oum Errabii. Cette initiative permettra de rééquilibrer les dotations hydriques entre les régions. Le PNE sera réajusté à travers l’introduction de nouvelles recommandations et propositions d’amélioration (Ministère de l’Equipement et de l’Eau).

Recours aux méthodes non-conventionnelles

Bien que le Maroc ait à peu près doublé sa capacité de stockage d’eau depuis le milieu des années 90, le volume réel d’eau stocké dans les principaux barrages du pays a suivi une tendance baissière lors des 10 dernières années. Compter uniquement sur le taux pluviométrique n’est donc pas suffisant et continuer à augmenter la capacité de stockage ne peut résoudre le problème du stress hydrique. Dans ce contexte, le recours au dessalement, à la réutilisation des eaux usées et à la récupération des eaux pluviales sont des pistes à analyser avec attention, et le PNAEPI comprend d’ailleurs un portefeuille de tels projets. Le recours à ces moyens non-conventionnels est une alternative de développement de l’offre et de diversification des ressources.

En effet, les eaux usées épurées peuvent être réutilisées à des fins agricoles, pour l’arrosage des espaces verts, dans le secteur industriel notamment pour le lavage des phosphates, ou pour la recharge de nappe. A noter que l’utilisation des sources en eaux non-conventionnelles se limite à 0,9 % de la totalité des ressources en eau mobilisées au Maroc selon le Rapport annuel de la Cour des comptes.

Modernisation des pratiques, recherche et développement

Modernisation des pratiques

La modernisation des outils de l’exploitation des eaux et d’irrigation dans des secteurs à forte consommation d’eau comme l’agriculture figure également parmi les pistes d’action engagées. Ainsi, la technologie des objets connectés et d’autres nouvelles technologies tels que l’usage des drones agricoles et des mécanismes de régulation via des compteurs d’eau connectés et des systèmes intégrés de suivi et d’amélioration des performances, sont des solutions qui permettent l’optimisation de l’irrigation et l’élaboration de systèmes d’utilisation de l’eau plus efficaces, afin de réduire les pertes et avoir une consommation en eau plus soutenable. Investir dans les nouvelles technologies numériques pourrait également consolider la compétitivité et la productivité du secteur agroalimentaire.

Zoom sur une success story marocaine : SOWIT

SOWIT est une start-up marocaine, fondée en 2018, spécialisée dans le développement de solutions innovantes en agriculture de précision avec l’ambition d’optimiser durablement les rendements agricoles et de consolider la compétitivité du secteur agroalimentaire.

SOWIT a développé des algorithmes lui permettant de soutenir les exploitants et agriculteurs à mieux gérer leur production.
A travers la combinaison de prélèvements de terrains, d’images satellites et de récolte d’images via des drones, SOWIT fournit aux agriculteurs une analyse détaillée et des informations en temps réel via SMS et application mobile sur l’état de leurs cultures ainsi que des outils d’aide à la décision adaptés (relatifs à la fertilisation, l’irrigation et à la récolte).

Ce projet innovant a bénéficié d’investissements importants de la part de Tamwilcom, SEAF ou encore l’USAID et prévoit de poursuivre son développement sur l’ensemble du continent Africain.

SOWIT, qui fournit d’ores et déjà ses services à des grandes entreprises du secteur de l’agro-industrie au Maroc, en Tunisie, en Côte d’Ivoire, vise à terme à « démocratiser les services de l’agriculture de précision en Afrique ».

Recherche et développement

Dans un contexte de rareté d’eau, l’augmentation de la production agricole du Maroc dépendra essentiellement de l’apport de l’innovation. La promotion de la R&D dans le domaine des sciences de l’environnement pourrait ainsi être porteuse de solutions stratégiques en termes d’optimisation des ressources.

Actuellement, l’agriculture dépend fortement de l’irrigation, qui n’est pratiquée que sur 16% des terres cultivées du Royaume, mais génère la moitié du PIB agricole et 75% des exportations agricoles (IFC, 2019). Des investissements dans les technologies d’économie d’eau, comme l’irrigation au goutte-à-goutte, sont nécessaires au renforcement de la résilience face à la sécheresse et à la pénurie d’eau dont la récurrence s’accroît avec le changement climatique. Des mesures incitatives en faveur de la « R&D » via des subventions et des aides aux financements ciblées sont prévues pour encourager à drainer des IDE également.

Mise en place d’organes de contrôles

Concernant la préservation des ressources en eau, le recours aux mécanismes juridiques de protection est à renforcer. Le nombre de préleveurs d’eau non autorisés est d’ailleurs élevé puisqu’il a été estimé en 2017 à plus de 102.264 contre 52.557 préleveurs autorisés selon la Cour des comptes. Afin de palier cela, le législateur a créé plusieurs corps de police de contrôle en prévoyant une police par milieu, par activité ou par organisme.

Conclusion

Comme de nombreux pays dans le monde, en particulier dans la région Méditerranée/Afrique, le Maroc est exposé à d’importants défis liés au risque de pénuries d’eau. Ceux-ci sont en grande partie dus à la crise climatique à laquelle fait face le Monde. Conformément à la définition de l’ONU, le Royaume est considéré comme étant un pays en stress hydrique, se rapprochant rapidement du seuil absolu de pénurie d’eau de 500 m3 par personne et par an, ce qui le met face à des défis d’envergure afin de préserver l’accès à l’eau en faveur de sa population mais aussi pour assurer la poursuite de l’activité des secteurs économiques à forte dépendance à cette ressource comme l’agriculture. Malgré les récentes difficultés constatées, le Maroc a fait preuve de résilience face au défi climatique en mettant en place plusieurs mécanismes qui lui ont permis d’atténuer le manque en ressources hydriques qui découlent de conditions climatiques de plus en plus perturbées. En effet, Le Maroc a pu maintenir une croissance agricole solide à long terme grâce au déploiement d’infrastructures hydrauliques et au soutien aux cultures irriguées. Depuis la fin des années 60, le Royaume a construit plus de 120 grands barrages, entraînant une multiplication par dix de la capacité totale de stockage de l’eau. En outre, la stratégie agricole mise en œuvre entre 2008 et 2020 (Plan Maroc Vert, PMV) a contribué à étendre massivement les superficies irriguées, soutenant une recomposition de la production agricole en faveur de cultures à plus forte valeur ajoutée. En conséquence, le PIB agricole a doublé, marquant une croissance annuelle moyenne de 5,7% entre 2008 et 2021 selon la Banque Mondiale. Cela a également permis au Maroc de devenir un exportateur majeur de fruits et légumes, en particulier, de tomates, d’agrumes et d’haricots verts, ce qui contribue à environ 22 % des exportations totales de marchandises. Le pays représente, encore une fois, malgré les défis précités, une terre d’opportunité d’investissement et dans plusieurs secteurs d’activités, plus encore dans ceux en relation avec le secteur de l’eau, et particulièrement dans la recherche et développement ainsi que dans les technologies de pointe qui représentent des solutions novatrices pour une meilleure exploitation et valorisation des ressources d’eau à l’aune des perturbations induites par le changement climatique.

Published On: septembre 2022
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